Selon eux, l'effondrement de l'Union soviétique signifiait que le communisme avait échoué et que l'islam politique ne pouvait attirer qu'une minorité limitée. En conséquence, le 21ème siècle serait dirigé par les États-Unis, et le nouvel ordre mondial serait fondé sur un système mondial de démocratie, d'individualisme et de libre marché.
Les soulèvements arabes et la montée du nationalisme dans les pays européens et aux États-Unis, ont rejeté ces théories, et la véritable confrontation est apparue au sein de la civilisation occidentale, en particulier aux États-Unis. Les événements politiques et sociaux au XXe siècle, en particulier à la fin du XXe siècle, ont pris une tournure différente et remis en doute ces deux théories. Les événements du 11 septembre, la montée du terrorisme extrémiste, le soulèvement arabe et la montée du nationalisme en Europe et aux États-Unis, ont profondément changé la scène politique mondiale.
Le Dr Howard Brasted, professeur d'histoire et d'études islamiques à l'Université de la Nouvelle-Angleterre en Australie, et Shafi Mostafa, professeur adjoint à l’école des religions des cultures, à l’Université de Dhaka au Bangladesh, ont commenté ces deux théories dans une note conjointe publiée à Alger, et donné une présentation de la situation actuelle du monde.
Faisant allusion aux élections américaines et aux actions de Trump après sa défaite, ils écrivent : « Bien qu'il y ait peu d’éléments qui prouvent que le président élu, Joe Biden, et le Parti démocrate ont commis une fraude électorale généralisée, Trump les accuse d’être des tricheurs. Aujourd'hui, les États-Unis sont davantage perçus comme une « république bananière » (terme utilisé pour décrire les dictatures latino-américaines), que comme les chefs du monde démocratique. Une foule de républicains continue de soutenir le discours anti-démocratique de Trump dans ses tweets, au point qu'un journal a titré : « Les États-Unis d'Amérique sont devenus les États divisés d’Amérique ». Il semble que les divisions soient devenues monnaie courante même dans les démocraties. En Inde, par exemple, la plus grande démocratie du monde, Narendra Modi avait décrit la minorité musulmane comme « un ennemi » et « un diable » dans sa campagne, pour obtenir le deuxième mandat de Premier ministre et la victoire du BJP, en 2019.
À la fin de 2020, aucune de ces grandes théories ne semble s'être concrétisée comme leurs auteurs l'avaient prédit. Au début de 2006, lorsque les forces américaines se sont embourbées en Afghanistan et en Irak, Fukuyama a reconnu que la « démocratie libérale » ne pouvait pas être réalisée sans le consentement populaire. Même en 2020, les États-Unis sont devenus la quintessence de la « kakistocratie », un système de gouvernement dirigé par les plus incompétents et les plus médiocres. À première vue, la théorie de Huntington du « choc des civilisations » semblait plus probable. La tragédie du 11 septembre, les attaques terroristes répétées contre les non-musulmans, la proclamation du nouveau califat de l'EIIL et les tensions sur l’hijab et le statut des femmes musulmanes dans les pays occidentaux, pouvaient faire penser à un conflit majeur entre le monde islamique et l'Occident, mais de nombreux chercheurs ne sont pas convaincus que ces événements étaient le conflit religieux-culturel que Huntington avait prédit. Les divisions intra-civilisationnelles ont sapé non seulement le système démocratique libéral mondial de Fukuyama, mais aussi la cohésion des civilisations de Huntington. L'érosion des symboles de l'ordre mondial américain, comme l'état de droit et le gouvernement responsable, a progressivement remis en doute la valeur de la démocratie occidentale, tandis que dans le même temps, le manque d'unité dans le monde islamique, a retardé toute perspective immédiate d'une coalition islamique anti-occidentale.
En Occident, le populisme représente le mécontentement de la droite à l'égard des démocraties libérales et des institutions gouvernementales corrompues, et présente les élites des grandes villes et les personnes qui ont plusieurs nationalités comme des ennemis du système. Le virage brutal vers la tyrannie, face à l'opposition populaire, est en train de devenir une caractéristique de la politique en Asie, au Moyen-Orient et dans l’Occident démocratique. Un politologue aujourd'hui, peut prédire que le 21ème siècle sera le siècle des guerres civiles et non un conflit des civilisations ».
