Date de publication30 Jul 2019 - 11:50
Code d'article : 432062

L'Arabie saoudite s'est piégée au Yémen

Taghrib (APT)
L’Arabie saoudite réorganise et réoriente les troupes de la coalition après le retrait progressif des forces émiraties du Yémen. L’annonce faite début juillet par les Émirats arabes unis (EAU) qui était un membre phare de la coalition militaire dirigée par Riyad a totalement bouleversé les prévisions de ce dernier.
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 Pour en savoir plus: Les EAU retirent la majeure partie de leurs troupes du Yémen

L'Arabie saoudite est en passe de restructurer sa coalition par le biais des camps de recrutement concentrés dans le sud du pays, selon Tasnim News citant le journal Al-Akhbar.

Allié clé de Washington et pilier de la coalition militaire au Yémen, Abou Dhabi a annoncé le 11 juillet une réduction de ses troupes dans ce pays ravagé par la guerre, dans le cadre d'un prétendu « redéploiement » qui doit lui permettre de passer d'une « stratégie » prioritairement « militaire » à une logique de « paix ». Or, pour combler le vide causé par le départ des mercenaires émiratis, Riyad a lancé un nouvel appel d’offres de recrutement.

Dans ce contexte, avec l'arrivée des forces saoudiennes et d'autres forces fidèles au général Mohsen al-Ahmar, adjoint du président démissionnaire yéménite, après leur formation dans la province de Hadramaut, des sources locales ont annoncé à Al-Akhbar que Riyad cherchait à remanier son « Comité populaire » financé en 2012 sous prétexte de la lutte contre le terrorisme. Selon les sources, Saleh al-Mashajari, un religieux salafi, aurait réussi à recruter plus de 15 000 nouvelles forces populaires avec le soutien saoudien.

À noter que Saleh al-Mashajari a créé le mois dernier le camp d’al-Amajed dans la ville de Lawdar de la province d’Abyan où ont été recrutés 4 mille jeunes. Il a ouvert un autre camp au centre d'Abyan, mobilisant près de 11 000 jeunes.

Ces recrutements se sont faits sans coordination avec le ministère de la Défense du gouvernement de Mansour Hadi, mais sous l’égide des dirigeants saoudiens.

Des informations sur le comité populaire actif entre les années 2012 et 2015 montrent que le brigadier Abdulteyf al-Seyyed qui commande actuellement la milice de la Ceinture de sécurité fidèle à Abou Dhabi à Abyan, dirigeait le comité populaire en question.

Bien qu’une grande partie des commandants émiriens se soient retirés du littoral occidental du Yémen, la Ceinture de sécurité est toujours présente à Abyan. Après cela, Riyad a pensé à désigner un autre commandant et à restructurer le comité populaire composé de 25 000 membres.

Le mouvement de la jeunesse révolutionnaire d’Abyan, un des mouvements locaux opposés à la coalition saoudienne, a mis en garde l'Arabie saoudite contre la mobilisation de nouvelles recrues. En réalité, l’Arabie saoudite tente d’exploiter la région qui souffre d’une récession économique, d’une détérioration des services publics et d’une grande pauvreté.

Dans un communiqué publié la semaine dernière, le mouvement a souligné que le nouveau processus de recrutement de mercenaires déclenchait une nouvelle phase d'usure et a accusé Saleh al-Mashajari de recruter les éléments d’Al-Qaïda à Bayda.

À cet égard, le commandement de la coalition à Riyad a ordonné le transfert de la brigade des aigles, qui compte 4 000 soldats, de Najran à la frontière sud de l'Arabie saoudite vers la province d’Abyan. La brigade a l'intention de porter ses effectifs à 6 000 hommes dont 2 000 proviendraient des zones frontalières situées entre Abyan et le sud de Shabwah.

Un grand nombre de mercenaires saoudiens sont également déployés dans l'un des fronts de la côte ouest, près du détroit de Bab el-Mandeb. Selon des sources militaires, l'Arabie saoudite a officiellement pris en charge la supervision de ces forces ce mois-ci.

À la lumière de ces événements, le Conseil politique suprême yéménite basé à Sanaa a mis en garde contre la recrudescence des combats de la coalition saoudienne au Yémen. Il a fait remarquer que l'attention des instances internationales portée à la guerre au Yémen pourrait conduire à la paix, et que l'Arabie saoudite s’efforçait de se retirer du bourbier yéménite, quel qu'en soit le prix.
https://taghribnews.com/vdcb05ba5rhbfgp.kiur.html
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