>> La Turquie a de grandes difficultés au Moyen-Orient | TAGHRIB (APT)
Date de publication27 May 2020 - 18:08
Code d'article : 464042

La Turquie a de grandes difficultés au Moyen-Orient

Taghrib (APT)
La Turquie veut utiliser la Russie pour résoudre ses problèmes politiques au Moyen-Orient, mais ne la considère pas comme un véritable allié, a déclaré l’ancien ministre de la Défense de la Turquie, Fikri Yshyk, cité par le journal Bulgarian Military.
La Turquie a de grandes difficultés au Moyen-Orient
L’ancien ministre turc avait prononcé cette déclaration dans un entretien avec Voice of America en réponse à la question de savoir si un partenariat complet entre la Turquie et la Russie est possible. « La Russie et la Turquie sont seulement des voisins qu’elles n’avaient elles-mêmes pas choisis ».

L’ancien ministre turc de la Défense s’entretenait avec l’amiral américain James Stavridis, qui est le commandant des forces de l’OTAN en Europe. Le sujet de la conversation était « l’avenir de l’union transatlantique » et le rôle de la Russe.

Fikri Yshyk a répondu négativement à la question de savoir si la Turquie s’approchait de la Russie, rappelant que « c’était la Russie qui était la raison de l’adhésion de la Turquie à l’OTAN ». Ankara n’a pas de relations stratégiques avec Moscou, a déclaré l’ancien ministre.

« Nous connaissons très bien la Russie. Le fait que nous ayons des relations étroites, en particulier dans l’économie, ne signifie pas qu’il s’agit de relations stratégiques. La Turquie a des relations stratégiques avec l’OTAN, mais pour résoudre la crise syrienne et d’autres problèmes régionaux, la participation de la Russie est nécessaire », a annoncé Yshyk.

Selon Yshyk, la Turquie est obligée de travailler en étroite collaboration avec la Russie pour résoudre ses problèmes en Syrie, car l’administration Barack Obama ne voulait pas « traiter de manière décisive avec Assad ».

« Avant que la Russie n’entre en jeu en Syrie, il y avait une chance de résoudre le problème sans Assad, mais l’administration américaine n’a pas agi de manière décisive, elle a regardé la situation de l’extérieur jusqu’à ce que les règles du jeu changent complètement. La vraie solution n’a jamais été trouvée. [Par conséquent, la Turquie] a besoin de relations étroites avec la Russie afin de trouver une solution, cependant, ces relations ne sont pas stratégiques, mais tactiques », a souligné Fikri Yshyk. « La Turquie est et restera un membre fidèle de l’OTAN. Mais en plus, la Russie est notre voisine. Vous pouvez choisir des amis et des alliés, mais pas des voisins. Et nous devons maintenir de bonnes relations avec nos voisins. »

Dans le même temps, dans une interview avec le commandant des forces de l’OTAN, l’ancien ministre a défendu la décision d’Ankara d’acheter des systèmes de missiles antiaériens S-400 à la Russie. Les États-Unis, selon Yshyk, se sont comportés « malhonnêtement » par rapport à la Turquie.

« Nous sommes des alliés. Nous vous avons demandé des systèmes Patriot, mais vous avez demandé deux fois plus pour les Patriot, que les Russes pour le S-400, et vous avez refusé de transférer la technologie et de créer une production commune. Et lorsque nous avons déclaré que nous envisagerions d’autres propositions, vous avez commencé à menacer la Turquie de sanctions », a rappelé l’ex-ministre. « Ce n’est pas un comportement juste. »

Le journal bulgare de poursuivre : Historiquement, les relations entre la Russie et la Turquie ont toujours été très compliquées, et aucune des deux parties ne l’a jamais oublié. En février 2020, lors de l’escalade maximale à Idlib, lorsque la Turquie a ouvertement soutenu des groupes armés illégaux contre l’armée syrienne, le conseiller présidentiel Mesut Hakky a même déclaré que « la Turquie a combattu 16 fois avec la Russie et est prête à faire à nouveau la guerre ».

Les plus hauts dirigeants des deux pays, les présidents Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, ont fait des efforts importants pour améliorer les relations entre les pays, dégradées fin 2015, lorsque l’armée de l’air turque a abattu le Su-24 russe au nord de la Syrie. Les sanctions économiques de la Russie (en particulier, l’interdiction de voyages des touristes russes en Turquie) ont provoqué une vague de sentiments anti-russe en Turquie.

Le sort des accords russo-turcs

La Syrie est restée le point d’interaction le plus important pour la Russie et la Turquie, et la gravité des contradictions entourant la guerre en Syrie a souvent dépassé les épisodes réussis de coopération économique - la reprise du tourisme, la construction de la centrale nucléaire turque d’Akkuyu par Rosatom et l’achat par la Turquie de Systèmes russes de défense aérienne S-400 malgré les menaces des États-Unis.

Au début de 2019, il est devenu évident que Moscou et Ankara avaient une vision complètement différente de ce qui se passait en Syrie. Alors que la Russie se concentrait sur la lutte contre le terrorisme, la Turquie en soutenant les groupes d’opposition armés, était principalement intéressée par le renversement du président légitime Bachar al-Assad.

L’accord de Sotchi, signé en septembre 2018, n’a pas amélioré la situation - il est vite devenu clair que la Turquie ne remplissait pas ses obligations, permettant aux terroristes dirigés par Hayyat Tahrir al-Cham de gérer la zone de désescalade d’Idlib. Le territoire de la province syrienne d’Idlib qui est l’objectif géopolitique de longue date de la Turquie reste la dernière partie de la Syrie, qui est sous le contrôle des terroristes et en grande partie en raison de la position d’Ankara.

La Turquie n’a pas réalisé le désarmement des terroristes et n’a pas créé de zone tampon de sécurité aux frontières d’Idlib. Avec la connivence de la Turquie, les terroristes de HTC ont pris le contrôle de certaines régions d’Idlib et perpétré presque continuellement des attaques contre les forces gouvernementales. L’armée syrienne n’a eu d’autre choix que de passer à l’offensive en mars 2019, et Moscou a activement soutenu l’opération antiterroriste au grand dam de la Turquie.

Début 2020, la situation à Idlib s’est aggravée. La Turquie a en fait lancé une invasion militaire directe contre la Syrie, fournissant aux terroristes, le soutien en matière de renseignement et de logistique, des munitions et même du matériel militaire. Les terroristes du groupe Hayyat Tahrir al-Cham ont combattu dans les nouveaux véhicules blindés turcs, des drones turcs ont attaqué les troupes syriennes. Le moment le plus grave de la confrontation a été la mort des troupes turques sous les attaques de l’armée de l’air syrienne - il s’est avéré qu’elles « accompagnaient » les terroristes attaquant les troupes syriennes.

Dans ce contexte, Poutine et Erdogan ont réussi à s’entendre sur une trêve qui remplaçait les accords de Sotchi, qui ont échoué en raison de la faute de la Turquie. Les accords de Moscou prévoyaient une patrouille conjointe de l’autoroute M4 ont été signé.

Cependant, il est vite devenu clair que les accords de Moscou étaient constamment sabotés - à la fois par les terroristes qui ont bloqué l’autoroute M4 et ont menacé d’attaquer l’armée russe et par la Turquie qui déployait davantage de forces armées en Syrie.

En ce qui concerne la nature des relations russo-turques, le journal bulgare citant un sénateur russe a précisé que la Russie ne se faisait aucune illusion sur le fait qu’on pourrait avoir des alliés permanents en politique ajoutant que seuls les intérêts restent constants. « Le principal intérêt de la Russie en Syrie est la lutte contre le terrorisme international », a indiqué Vladimir Dzhabarov.

Selon Igor Morozov, un autre parlementaire russe, les principales menaces pesant sur les relations entre la Russie et la Turquie proviennent des groupes politiques associés à l’Occident et des cercles de fondamentalistes radicaux.

« Je pense que ce sont des atlantistes et des extrémistes islamiques en Turquie qui ne veulent certainement pas de relations de bon voisinage entre la Turquie et la Russie dans un souci d’intérêts communs », a conclu le sénateur Morozov.

 
https://taghribnews.com/vdceee8ewjh8p7i.d9bj.html
votre nom
Votre adresse email
Security Code