Date de publication19 Feb 2020 - 13:34
Code d'article : 452059

La France hésite à prendre une décision sérieuse

Taghrib (APT)
Le régime israélien compte toujours sur la France pour mener ses politiques basées sur l'occupation continuelle des territoires palestiniens.
La France hésite à prendre une décision sérieuse

On n’aurait pu attendre autre chose d’un président français qui ose l’inhabituel, lorsque c’est de la complaisance envers les alliés américain et israélien dont il s’agit, quitte à attiser les divisions intereuropéennes au sujet des dossiers les plus épineux du monde.

En janvier, des médias ont écrit que la visite de Macron en Israël pour commémorer la « Shoah » n’était pas symbolique, mais symptomatique de sa servilité envers le sionisme. Et voilà que les milieux diplomatiques en France reprochent au chef de l’État d’être resté « discret » depuis la présentation par Donald Trump de son Deal du siècle. Soutien traditionnel de la solution à deux États, la France de Macron approuve, par cette « sagesse » souillée de complaisance, un soi-disant plan de paix qui enterrerait à jamais l’État indépendant palestinien.  

Paris est resté « discret » à la suite de l’annonce du plan Trump, un silence gêné que dénoncent les milieux diplomatiques. Dans son numéro de lundi 17 février, l’hebdomadaire français, Le Point se penche sur ce sujet.

Nombreux sont des diplomates ou d’anciens diplomates français à reprocher à Paris d’être resté « discret » à la suite de l’annonce du plan de Trump.  

« Le soi-disant plan de paix de Donald Trump sur le Proche-Orient n’en finit pas de bouleverser les acteurs traditionnels du conflit israélo-palestinien », selon Le Point qui ajoute :

« En faisant la part belle aux demandes de la droite israélienne – il ouvre la voie à une annexion immédiate par Israël des colonies en Cisjordanie et de la vallée stratégique du Jourdain – tout en restant très évasif sur les conditions d’un futur État palestinien qui devra être démilitarisé, discontinu et non souverain, ce document de 180 pages a placé les alliés des États-Unis, dont la France, dans une situation inconfortable. »

Le 29 janvier dernier, en réaction à la divulgation du plan, le ministère français des Affaires étrangères avait publié un communiqué saluant ce qu’il avait appelé « les efforts du président Trump ». Le ministère avait déclaré aussi qu’il étudierait avec attention le texte de ce prétendu plan de paix.

Ce faisant, le Quai d’Orsay rappelle que « la solution à deux États, en conformité avec le droit international et les paramètres internationalement agréés, est nécessaire à l’établissement d’une paix juste et durable au Proche-Orient ».

Sous le couvert de l’anonymat, un diplomate français estime qu’en rappelant les paramètres nécessaires à la paix, ce communiqué explique bien, en langage diplomatique, que l’on n’est pas d’accord avec le plan de Trump. Selon ce diplomate cité par Le Point, « connaissant la propension de Donald Trump à parfois incriminer ses alliés, on ne va pas jeter de l’huile sur le feu en critiquant directement son initiative ».

L’hebdomadaire français ajoute que ce communiqué, s’il a été suivi de plusieurs déclarations officielles rappelant l’attachement de la France à la solution à deux États, a beaucoup fait parler dans le milieu feutré de la diplomatie française.

« Quand on dit que l’on salue un plan, cela signifie qu’on l’accueille positivement », estime l’ancien diplomate français Denis Bauchard, spécialiste du Moyen-Orient.

« Ce communiqué est extrêmement complaisant vis-à-vis de l’initiative américaine. Or il ne s’agit pas d’un plan de paix, mais d’annexion, poursuit-il. Il est tout à fait contraire au droit international et aux résolutions de l’ONU et pose de telles conditions à la création d’un État palestinien qu’il l’exclut en réalité. »

Denis Bauchard qui est membre du « club des vingt » (un collectif d’anciens ministres, d’universitaires, d’auteurs et de diplomates) a cosigné un communiqué intitulé « Lâcheté européenne ».

À Bruxelles, Josep Borrell, le nouveau haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, a tenté de trouver une réponse européenne commune à l’initiative de la Maison-Blanche. Mais il s’est heurté au refus de plusieurs États membres européens dont la Hongrie, l’empêchant d’adopter un communiqué au nom des 27, ajoute Le Point.

L’Europe divisée

L’article rappelle que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a mis plusieurs années afin de pouvoir se rapprocher des pays de l’Europe de l’Est (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie) pour mieux obtenir leur soutien et diviser l’UE sur le conflit israélo-palestinien.

Dans l’impossibilité de réunir tous les pays membres autour du rejet du plan Trump, c’est donc en son propre nom que le chef de la diplomatie européenne a haussé le ton face à Washington et Tel-Aviv, écrit le journal.

Dans un communiqué publié le 4 février, Josep Borrell estime que l’UE demeure « particulièrement préoccupée par les déclarations sur la perspective d’une annexion de la vallée du Jourdain et d’autres parties de la Cisjordanie ». Et le haut représentant de prévenir : « Les mesures en vue de l’annexion si elles sont mises en œuvre, ne pourraient pas passer sans être contestées. »

Là-dessus, Le Point relate les propos de Hugh Lovatt, chercheur à l’European Council on Foreign Relations (ECFR) pour le Maghreb et le Moyen-Orient qui dit :

    « L’Union européenne, en tant qu’entité, a échoué à être à la hauteur de ses principes et ses objectifs de politique étrangère, même s’il existe quelques efforts individuels comme l’initiative de Josep Borrell. […] Le consensus est difficile à obtenir lorsqu’un pays [États-Unis] ne cesse de tout bloquer, lorsqu’on ne veut pas fâcher Donald Trump ou quand d’intenses pressions américano-israéliennes sont exercées sur les États membres. »

Le diplomate précité estime pourtant qu’il est insensé de reprocher à la France de ne pas hausser le ton sur le Deal du siècle alors que d’autres pays ont eu la même réaction.

L’article rappelle que « depuis son élection à la présidence de la République française en 2017, Emmanuel Macron tente de faire entendre la voix singulière de la France en politique étrangère ». Le texte évoque ainsi une « capacité à parler avec tous les acteurs de la planète » du président français qui, entre autres, « a repris langue avec la Russie et lancé une périlleuse médiation avec l’Iran » sans succès apparent pour l’instant il faut le reconnaître.

Mais, sur l’épineux conflit israélo-palestinien, Le Point estime que le chef de l’État français réagit avec une précaution maximale.

« Contrairement à son prédécesseur François Hollande qui avait accueilli en janvier 2017 une conférence de paix à Paris [boycottée par les Israéliens, NDLR], Emmanuel Macron demeure sur la réserve, ne souhaitant pas pour l’heure s’engager sur un dossier miné et risqué politiquement », conclut le journal Le Point.

 
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