Au treizième jour des manifestations, Saad Hariri a enfin jeté l’éponge : du Premier ministre libanais, on avait du mal à attendre mieux et pourtant Hariri disposait de toutes les prérogatives politiques pour appliquer des réformes nécessaires à l’assainissement des finances publiques, à l’allègement de la dette étrangère et à la remise sur les rails de l’État. Et il avait même le soutien de son adversaire politique pendant de très longues années à savoir le Hezbollah qui a cherché du mieux qu’il a pu de l’en dissuader. Mais Hariri a opté pour le chaos. Pourquoi ? Certains analystes croient savoir qu’il chercherait dans les heures à venir à former un gouvernement « techocrate » et peut-être même à exclure la Résistance du gouvernement, histoire de servir la cause des États-Unis et d’Israël qui veulent depuis le début des manifestations la peau du Hezbollah et surtout celle de son arsenal. Mais les dès sont loin d’être jetés. Le président libanais Michel Aoun n’est pas né de la dernière pluie et après tout il vaudrait peut-être mieux de partir sur de bonnes bases : choisir un Premier ministre combatif, volontaire et patriote qui sache faire passer les intérêts nationaux avant les intérêts saoudiens, américains, israéliens... La rue affiche déjà le début d’une certaine détente.