Date de publication30 Jun 2019 - 14:53
Code d'article : 427411

Les ennemis de Maduro veulent le tuer

Taghrib (APT)
Dans une vidéo, un ministre vénézuélien révèle des échanges présumés entre opposants, captés par des agents infiltrés. Il assure qu'un coup d'Etat a été déjoué et que des «terroristes» devaient tuer Nicolas Maduro. Décryptage.
Les ennemis de Maduro veulent le tuer
140 000 cartouches de mitrailleuses et des tentatives d'«incursions d'agents spéciaux terroristes israéliens, nord-américains et colombiens» visant à «tuer le président Nicolas Maduro [à] renverser le gouvernement et prendre le palais présidentiel» : tel est le projet que le gouvernement vénézuélien affirme avoir mis à jour. Dans une séquence d'une heure trente diffusée sur la télévision publique le 26 juin, Jorge Rodriguez, ministre vénézuélien de la Communication, a ainsi révélé des conversations présumées entre opposants interceptées par des agents du gouvernement infiltrés. Des images dignes d'un épisode du Bureau des légendes.
Des terroristes israéliens, américains et colombiens pour tuer Maduro ? Caracas révèle ses preuves

«Objectifs 1 et 2»

Selon les informations du ministre, documents à l'appui, «cette tentative de putsch implique l'opposition, les Etats-Unis, la Colombie, le Chili», mais aussi l'ambassade du Panama et un «groupe d'Israéliens qui devaient venir assassiner le président Maduro».
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Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, et le ministre de la Défense, Vladimir Padrino, à Caracas le 3 juin 2019 (image d'illustration). Qui combat au Venezuela, par Romain Migus

Pour ce faire, des militaires actifs et retraités, ainsi qu'un ancien chef du renseignement et des policiers à la retraite devaient mettre leur plan à exécution les 23 et 24 juin, selon lui. Mais 13 d'entre eux ont été arrêtés juste avant.

«Nous avons assisté à toutes les réunions de planification du coup d'Etat», a déclaré Jorge Rodriguez, affirmant disposer «de 56 heures d'enregistrements vidéo et audio d'échanges entre les opposants en vue de préparer le coup d'Etat». Pour ce faire, des agents gouvernementaux auraient été infiltrés.

Tout au long de sa présentation, le ministre montre un organigramme, intitulé «opération volte-face». Dans les conversations captées, les personnes qui apparaissent évoquent constamment les «objectifs numéro 1 et 2» qu'elles comptent atteindre. Comprendre, selon le ministre, qu'il s'agit du président Nicolas Maduro et Diosdado Cabello, le président de l'Assemblée constituante, homme fort du chavisme.
Maduro capturé «le jour J à l'heure H» ?

D'après Jorge Rodriguez, une partie des putschistes comptaient porter au pouvoir un rival de Juan Guaido : le général Raul Isaias Baduel, ancien ministre de la Défense de Hugo Chavez passé dans l'opposition, et actuellement incarcéré pour corruption.

Parmi les preuves présentées par Caracas, les conversations enregistrées d'un homme présenté comme le fils du général Baduel, Josnars Adolfo Baduel, alias Simon. Il dit, à au moins deux reprises, que le «plan» serait de «faire venir un groupe d'Israéliens» pour s'occuper de Nicolas Maduro : «Concernant le numéro 1 et 2, j'ai eu quelques réunions avec les personnes qui vont se charger de ça, pas seulement de 1 et 2, mais de six autres personnes», dit Simon avant de poursuivre : «Ils ne sont pas d'ici au Venezuela, ce sont des personnes qui sont... pour être clair, elles sont d'Israël et ont un appui des Etats-Unis, un appui logistique. Elles ont tout le matériel pour accomplir leur mission selon l'information qu'elles nous ont donnée.»

Dans un autre enregistrement audio, un individu présenté par le ministre comme un certain Atanasio, qui serait un colonel s'exprimant depuis l'ambassade du Panama, affirme : «Ecoute, j'ai un contact extrêmement puissant. Pour l'objectif 1 et 2, une équipe de combat qui sont les gens des Israéliens, les gens de Simon, ils garantissent que le jour J à l'heure H, ils captureront le numéro 1 et le numéro 2.»

Dans une réunion sur internet, infiltrée par des agents du gouvernement vénézuélien, Gonzalo, présenté comme un militaire retraité, analyse : «Si nous avons la garantie que la cible 1 et la cible 2 vont être éliminées, ce sera un premier fait marquant, médiatique, frappant et aura un impact international.»
L'euphémisme de la «coopération» américaine

Dans une autre vidéo filmée clandestinement par un agent du gouvernement, on assiste à une réunion qui aurait eu lieu le 20 juin dans un bureauà Caracas, selon le ministre. Le principal intervenant, Miguel Carmelo Sisco, alias Marina, explique : «Honnêtement, je pense que la base de la victoire de cette opération est d'atteindre les objectifs 1 et 2, et de préférence le 1, car c'est un pays présidentialiste.» Un peu plus loin, Marina évoque le nom de code Lander, que l'on retrouve dans plusieurs documents : «Vous savez qui est Lander ? [...] Je vais vous le dire clairement, Lander c'est Guaido [...] J'ai personnellement eu une réunion avec lui il y a un mois.»

S'en suit une coupure dans le montage diffusé par Jorge Rodriguez, puis, plus loin, Marina évoque les méthodes : «Nous sommes convaincus que l'unique issue est la force [...] s'il faut tout brûler pour sauver le pays, nous le ferons [...]». Un homme demande alors : «Et lui, que pense-t-il ?» Marina répond : «Il a accepté, il est clair avec ça.»

«Je lui ai dit que l'appui des Gringos est nécessaire, je lui ai parlé d'intervention et lui m'a corrigé utilisant un euphémisme, et parlant plutôt de "coopération"», explique-t-il encore dans un autre extrait.
https://taghribnews.com/vdcdf50ofyt0xo6.4a2y.html
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