L’exercice de simulation d’une mission de frappe nucléaire au moyen de la composante aérienne de la force de dissuasion nucléaire française étant programmé depuis longtemps selon Paris, est intervenu après que Washington et Moscou, l’un après l’autre, se sont retirés du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI). Dans les minutes suivant l'essai, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s'est félicité de sa réussite.
Pendant 11 heures, les avions de combat Dassault Rafale se sont prêtés à l'exercice avec pour objectif de pénétrer en profondeur les "défenses aériennes ennemies" avant de lancer "un missile de croisière Air-Sol de moyenne portée ASPM (MBDA) portant une tête nucléaire tactique".
Or le missile ASMP-A (Air Sol Moyenne Portée) est un missile de croisière de portée moyenne doté d’un RamJet ou un statoréacteur à carburant liquide (kérosène) et à accélérateur intégré (booster) à propergol solide. C'est ce genre de particularités chez les missiles iraniens qui motivent paradoxalement les autorités françaises à pousser des cris d'orfraie et pourtant les missiles iraniens ne sont pas de nature à transporter des ogives nucléaires. Celui de la France transportait un ogive nucléaire tactique pouvant par ailleurs atteindre une puissance nominale de 300 Kilotonnes.
Mais pourquoi cet essai?
Le contexte national et international ne se prêtent guère à ce genre d’essais. En effet, affirment les experts, si cet exercice est un message à l’égard de Moscou ou de Pékin, c’est un coup de grosse épée dans l’eau car ces deux pays disposent d’une capacité stratégique de seconde frappe dévastatrice et même de troisième frappe. Les relations franco-russes sont plutôt tendues. Le président français a très clairement laissé entendre que c’est la Russie et ses médias qui se trouvent à l'origine du mouvement de contestation des Gilets jaunes. La Russie est accusée par Macron d'avoir cherché à dédouaner son gouvernement. Selon les analystes, Macron désigne un ennemi extérieur afin de dévier la colère populaire vers l’extérieur. La France détient le troisième arsenal nucléaire au monde. Elle se doit de donner l’exemple. Non de lancer la course aux missiles de portée moyenne pour tout le monde, conclut l'article.