Date de publication7 Oct 2018 - 14:43
Code d'article : 365750

Turquie: le journaliste saoudien Khashoggi aurait été tué au consulat saoudien

Taghrib (APT)
La police turque estime que le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, critique du pouvoir de Ryad et porté disparu depuis mardi à Istanbul, a été tué au consulat de son pays, selon une source proche du gouvernement, une information rapidement démentie par Ryad.
Turquie: le journaliste saoudien Khashoggi aurait été tué au consulat saoudien
"La police estime dans ses premières conclusions que le journaliste a été tué au consulat par une équipe venue spécialement à Istanbul et repartie dans la même journée", à indiqué cette source à l'AFP.
 
La police turque avait affirmé un peu plus tôt qu'un groupe de 15 Saoudiens avait fait mardi l'aller-retour à Istanbul et se trouvait au consulat en même temps que Jamal Khashoggi, qui n'a, selon la police, jamais quitté la représentation diplomatique.

L'agence de presse officielle saoudienne SPA a rapporté dimanche qu'un responsable du consulat d'Arabie saoudite avait démenti sous couvert de l'anonymat les informations selon lesquelles le journaliste aurait été tué.

"Le responsable a démenti avec force ces accusations sans fondement", selon SPA. L'agence a ajouté qu'une équipe d'enquêteurs saoudiens se trouvait en Turquie et travaillait avec les autorités locales.

"J'attends une confirmation officielle du gouvernement turc pour y croire", a réagi sur Twitter la fiancée turque du journaliste, Hatice Cengiz.

Ryad assure que Jamal Khashoggi, un critique du pouvoir de Ryad écrivant notamment pour le Washington Post, a quitté le consulat après y avoir effectué des démarches mardi.
 

M. Khashoggi s'est exilé aux Etats-Unis l'année dernière par crainte d'une arrestation, après avoir critiqué certaines décisions de Mohammed ben Salmane et l'intervention militaire de Ryad au Yémen.

Selon sa fiancée, il s'était rendu au consulat pour effectuer des démarches en vue de leur prochain mariage.

"Il est allé au consulat avec un rendez-vous, donc ils savaient quand il y serait", explique à l'AFP un proche du journaliste, Yasin Aktay, également une figure du Parti de la Justice et du Développement (AKP, au pouvoir).

"Il avait appelé le consulat un peu avant d'y aller pour voir si ses documents étaient prêts, ils lui ont dit +oui, c'est prêt, vous pouvez venir+", poursuit-il.
 

"Ses amis l'avaient mis en garde, +n'y va pas, ce n'est pas sûr+, mais lui disait qu'ils ne pouvaient rien lui faire en Turquie. Il y est allé confiant qu'une telle chose était impossible en Turquie", ajoute M. Aktay, tout en espérant que les nouvelles de la mort de son ami ne soient pas vraies.

L'ambassadeur saoudien en Turquie a été convoqué par Ankara mercredi au sujet de cette affaire. Une enquête judiciaire a également été ouverte.

- "Crime d'Etat" -

Le département d'Etat américain a indiqué n'être "pas en mesure de confirmer" le sort de Jamal Kashoggi. "Mais nous suivons la situation de près", a indiqué un porte-parole.

Reporters sans Frontières (RSF) a estimé sur Twitter que si les informations selon lesquelles Khashoggi aurait été tué étaient confirmées, "cela constituerait une attaque horrible, totalement déplorable et absolument inacceptable contre la liberté de la presse".

"Il s'agirait d'un crime d'Etat d'un autre temps", a ajouté dimanche sur Twitter le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire.
 
L'Arabie saoudite figure à la 169e place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Ryad promeut une campagne de modernisation depuis que Mohammed ben Salmane a été désigné héritier du trône en 2017. Mais la répression contre les dissidents, avec des arrestations de religieux, de personnalités libérales et aussi de militantes féministes s'est accentuée depuis.

M. Khashoggi, 59 ans, est l'un des rares journalistes saoudiens en vue à élever la voix contre cette répression.

En septembre 2017, il avait annoncé avoir été interdit de contribution dans le quotidien Al-Hayat, propriété du prince saoudien Khaled ben Sultan al-Saoud. M. Khashoggi avait alors reconnu avoir défendu les Frères musulmans, ce qui ne semble pas avoir plu à son employeur.


 
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