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Le fossé politique grandissant entre l’alliance Arabie-EAU et la Turquie

Taghrib (APT)

14 Mar 2018 - 16:40

Le conflit de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis avec le Qatar pourrait envenimer la Turquie, considérée comme l'un des piliers de Doha.


Nurettin Canikli, ministre turc de la Défense et le général Hulusi Akar, chef d'état-major de l'armée turque ont rencontré, lundi 12 mars, Khalid ben Mohammed al-Attiyah, le ministre qatari de la Défense.

Sayyed Rahim Lari, éditorialiste au journal iranien Javan, écrit dans une note que cette rencontre a porté sur la défense, le développement des relations militaires bilatérales, la lutte contre le terrorisme, les évolutions sur les fronts en Syrie, au Libye et la guerre du Yémen. Il s’agissait d’une visite diplomatique ordinaire comme celle du général Akar à Doha, le 5 novembre 2017, où il avait rencontré al-Attiyah.

Mais cette fois, il semblerait que l'objectif de la Turquie soit différent. En envoyant deux hauts responsables militaires, elle compte donner une réponse claire aux invectives en provenance de l'Arabie saoudite et des Émirats.

Le 7 mars, alors qu’il se trouvait en visite officielle en Égypte, le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane a affirmé que la Turquie essayait de réinstaurer l’Empire ottoman, la plaçant, avec l’Iran et des groupes extrémistes, dans le « triangle du mal ».

Cette déclaration a mis de l’huile sur le feu des tensions sous-jacentes entre Riyad et Ankara qui désormais sont devenues publiques.

Les tweets échangés en novembre dernier entre Ankara et Doha n’étaient pas non plus empreints de sympathie. Anwar Gargash, le ministre émirati des Affaires étrangères est allé jusqu’à envoyer une mise en garde au président turc Erdogan et ses subalternes, les appelant à respecter la souveraineté nationale des pays arabes, adopter une attitude « sage et raisonnable » et arrêter leurs interventions militaires dans la région.

La simultanéité des messages en provenance de l'Arabie saoudite et des EAU témoigne d’une intention commune de saborder la politique du gouvernement d’Erdogan et de l’amener à rejoindre la coalition anti-Qatar dirigée par Riyad. Cependant, l’expédition du ministre de la Défense et du chef d'état-major de l'armée turque au Qatar serait à même d’être considérée comme un affront aux détracteurs de la Turquie. Et ce mépris d'Erdogan serait le prélude à un sérieux face-à-face entre la personne du président et le front saoudo-émirati. 

Rappelons-nous, après le coup d'État manqué en Turquie il y a deux ans, des rapports ont révélé l’implication des Saoudiens. À cette période, le gouvernement turc avait mis l’information en sourdine.

Cette année est une année décisive pour Erdogan, puisque les élections locales auront lieu en mars et les élections présidentielles et parlementaires en octobre 2019. Avec des actions telles que la réforme de la loi électorale, Erdogan entreprend tout ce qu’il peut pour remporter la victoire et raffermir la position de son parti, le Parti de la justice et le développement (PJD). Ben Salmane et Anwar Gargash ne cachent plus leurs dissensions avec Erdogan, et d'une manière ou d'une autre ils comptent régler leurs comptes avec lui : s'il refuse de rallier leur cause, les chances de remporter les élections seront affaiblies. De ce fait, le conflit avec le Qatar envenimera la Turquie, considérée comme l'un des piliers de Doha.


Au moins, en faisant fi des invectives de Riyad et Doha, Erdogan leur a donné une réponse dont les effets se feront sentir à court. C'est peut-être pour cette raison que dans les discussions entre la partie turque avec al-Attiyah, le dossier de la guerre du Yémen a été abordé ; pour signaler aux Saoudiens et aux Émiratis qu’avant de menacer le gouvernement d’Erdogan, il vaudrait mieux réfléchir à deux fois et penser à l’intervention de la Turquie au Yémen.


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