Date de publication11 Feb 2018 - 12:00
Code d'article : 311473

A Pristina, la pollution provoque des contestations

Taghrib (APT)
Si rien n'est fait, "cet endroit deviendra un nouveau Tchernobyl" et "il faudra partir": Agim Ibrahimi vit à Obiliq, dans la banlieue de Pristina, dont les deux centrales à charbon fournissent l'électricité du Kosovo.
A Pristina, la pollution provoque des contestations
Cet ouvrier de 46 ans est l'une des ombres qui, le visage souvent couvert d'une écharpe, émergent de la purée de pois absorbant cette petite ville les matins d'hiver.

Peu importe le vent, l'odeur âcre du charbon imprègne Obiliq, dont plus de 4.000 des 30.000 habitants vivent coincés entre les centrales Kosovo A et Kosovo B, qui empruntent pour la première à la technologie soviétique, pour la seconde à celle de la RDA d'antan.

Construites entre 1965 et 1975, elles produisent plus de 95% de l'électricité kosovare.

Mais leurs émanations, conjuguées au chauffage au charbon des habitations individuelles, empoisonnent l'air.

- Autonomie énergétique -

Les habitants de Pristina, dont beaucoup sortent de chez eux équipés d'un masque, disent ressentir constamment la pollution. "Respirer nuit gravement à la santé", lisait-on lors d'une manifestation récente.

"Nous n'avons pas de capacité hydroélectrique", "pas de gaz, nous ne pouvons pas bâtir de centrale nucléaire, mais nous avons du charbon", résume le ministre du Développement économique Valdrin Lluka.

Il insiste sur l'importance de l'autonomie énergétique de son pays, un des plus pauvres d'Europe, qui fête le 17 février ses dix ans d'indépendance de la Serbie.

La société nationale d'électricité, KEK, possède 72% des sols à Obiliq et emploie 4.700 personnes dans les centrales ou ses mines.

"Je sais à quel point l'électricité est importante pour le Kosovo. Mais on ne peut violer le droit des gens à la santé et un environnement propre", répond Haki Jashari, directeur du petit hôpital de la ville.

Selon Sahit Zeqiri, proviseur du lycée technique, tout est contaminé, "l'air que l'on respire, le sol que l'on cultive, l'eau que l'on boit". Chaque jour, dit-il, cinq à dix élèves manquent, victimes de bronchites, le sport extérieur est banni, et cette année, faute de neige, les particules fines restent en suspension.

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