Date de publication14 Jan 2019 - 15:52
Code d'article : 395104

Allemagne: L’ambassadeur américain menace directement les entreprises

Taghrib (APT)
L’ambassadeur des États-Unis a récemment averti les entreprises allemandes qui s’étaient associées à la Russie pour la construction du gazoduc Nord Stream 2, qu’elles risquaient de faire l’objet de sanctions de la part des États-Unis si elles continuaient de coopérer avec Moscou.
Allemagne: L’ambassadeur américain menace directement les entreprises
« Comme vous le savez, les États-Unis sont fermement opposés au projet Nord Stream 2 [...]. Le pipeline a un impact géopolitique sérieux sur nos alliés et partenaires européens », selon le journal Bild am Sonntag.

« Nous continuons de souligner que les sociétés opérant dans le secteur des pipelines d’exportation d’énergie en Russie exercent des activités comportant un risque de sanctions important », a déclaré Grenell.

« Toute entreprise allemande contribuant à Nord Stream 2 devrait prendre en compte la menace que ce projet représente pour la sécurité énergétique européenne, ainsi que les sanctions qui en découlent », a-t-il ajouté.

Le rapport de Bild met en lumière les réactions de personnalités politiques allemandes à Berlin. Fabio De Masi, député du parti de gauche Die Linke, a demandé au gouvernement de réprimander Grenell, en déclarant : « L’ambassadeur des États-Unis semble donner l’impression qu’il est un vice-roi de l’empereur de Washington. »

Selon RT, Grenell, qui a pris ses fonctions en mai 2018, possède une vaste expérience dans le domaine des échanges avec les entreprises allemandes. Tout au long de l’année dernière, il a poussé les entreprises du pays à quitter l’Iran, « giflées par de nouvelles sanctions américaines », de la même manière qu’il cherche maintenant à saboter le Nord Stream 2.

Le diplomate a recouru aux allégations classiques sur le « comportement de plus en plus agressif de la Russie ». Selon Grenell, Moscou utilise la coopération énergétique pour obtenir un pouvoir politique et économique. Selon lui, les entreprises participant au projet Nord Stream 2 « minent activement la sécurité de l’Ukraine et de l’Europe ».

Cet incident semble particulièrement étrange, car Grenell, qui a travaillé comme ambassadeur des États-Unis à l’ONU, a déjà été sur le grill après avoir été accusé de s’immiscer dans les affaires intérieures de son pays d’accueil. L’année dernière, en juin, il avait confié au média de droite Breitbart qu’il espérait que des conservateurs « autonomistes » partageant les mêmes idées que lui arrivent au pouvoir à travers toute l’Europe.

Martin Schulz, éminent social-démocrate, a comparé l’ambassadeur à un « officier colonial d’extrême droite ». Gerhard Schroeder, ancien chancelier, était plus coloré, affirmant : « Nous ne pouvons accepter d’être traités comme un pays occupé. »

Berlin défie les tentatives américaines de couler le projet Nord Stream 2. « Les questions liées à la politique énergétique européenne doivent être réglées en Europe, pas aux États-Unis », a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, plus tôt cette semaine.

La construction du gazoduc Nord Stream 2 a récemment été approuvée par l’Allemagne, la Finlande et la Suède. Le projet devrait entrer dans sa phase finale d’ici fin 2019. Le Danemark est le seul pays à ne pas encore avoir autorisé le projet. Des membres plus petits de l’UE, tels que la Pologne, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie et la Hongrie ont critiqué le projet.

Le gazoduc Nord Stream 2 devrait transporter du gaz naturel du nord-ouest de la Russie jusqu’au nord de l’Allemagne, en traversant la mer Baltique. Et il est prévu que ce projet double le volume de gaz importé de Russie en Allemagne.

Washington est opposé à ce projet et il prétend que ce gazoduc entraînera une augmentation du contrôle russe sur le marché énergétique européen et qu’il réduira le rôle des autres voies de transit de l’énergie, comme l’Ukraine.

Or, les sociétés gazières basées aux États-Unis et utilisant de nouvelles technologies cherchent également à vendre du gaz en Europe et c’est ce qui expliquerait le mécontentement de Washington, qui veut s’emparer du marché européen.

Le Nord Stream 2 devrait permettre le transfert annuel de 55 milliards de mètres cubes de gaz russe vers l’Allemagne et le programme de la société Gazprom vise entre autres à permettre à la Russie de contourner l’actuelle route ukrainienne pour exporter du gaz en Europe.

Le coût de construction de la deuxième phase du gazoduc est estimé à 7,4 milliards d’euros, somme que Gazprom et d’autres sociétés européennes financeront.

La mise en œuvre de ce projet rendra le gaz russe moins cher pour les marchés de consommation européens, car les frais de transit versés à l’Ukraine et à d’autres pays seront désormais supprimés et cette baisse des prix pour Moscou est considérée comme une victoire économique.

Sur la base de ces nouvelles évolutions, l’on constate que les différends énergétiques de la Russie et des États-Unis semblent avoir augmenté plus que jamais, bien que le président des États-Unis, Donald Trump, ait fait état de son désir de se rapprocher de la Russie.

La chancelière allemande Angela Merkel avait déclaré il y a quelque temps que l’Amérique ne pouvait plus dicter ses politiques à l’Europe et que l’UE devait s’opposer à toute politique US tournant en défaveur de l’Europe.

Les autorités russes ont de nombreuses fois demandé à leurs homologues américains de mettre de côté leurs politiques hostiles et d’accepter les règles du marché, de l’offre et de la demande.

Berlin a également rassuré Kiev à ce sujet, en annonçant qu’il avait posé ses conditions à Moscou dans ce projet pour éviter que ce dernier ne lèse trop l’Ukraine.
https://taghribnews.com/vdcgzn9wtak9yq4.,pra.html
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