Date de publication18 Nov 2018 - 15:42
Code d'article : 378481

Affaire Khashoggi : Ryad dévoile petit à petit son vrai visage

Taghrib (APT)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères sort de son silence. Depuis l’affaire du meurtre du journaliste dissident saoudien Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, Adel al-Jubeir ne s’était pas exprimé. Deux jours après la conférence de presse du procureur général saoudien à Riyad, Adel al-Jubeir a convoqué à son tour les journalistes et avoué que l’assassinat de Khashoggi était « une grave erreur », rapporte le journal Rai al-Youm dans son édition électronique du 17 novembre.
Affaire Khashoggi : Ryad dévoile petit à petit son vrai visage
Le procureur général saoudien a requis jeudi 15 novembre la peine de mort contre cinq accusés dans l’affaire Jamal Khashoggi qui a été « drogué, tué et démembré » au consulat de son pays à Istanbul, en Turquie, le 2 octobre dernier. Ainsi, le royaume dédouane totalement le prince héritier Mohammed ben Salmane, dit MBS.

Les autorités saoudiennes, qui démentent avoir ordonné son assassinat, ont dès le début insisté sur le fait que le dossier était d’ordre national et devait être traité par la justice du royaume.

Pour compléter son enquête, Riyad a demandé à Ankara de lui fournir des informations supplémentaires qui lui ont été refusées. Ankara insiste pour que l’enquête se poursuive sur les lieux du crime.

Pourtant, le royaume saoudien avec à sa tête Mohammed ben Salmane est sur le banc des accusés. Le monde entier le pointe du doigt. Les responsables américains et européens en sont arrivés à accuser explicitement MBS.

Le Washington Post, le quotidien qui employait le journaliste saoudien assassiné, a publié ce samedi un article au titre évocateur : « La CIA a conclu que le prince héritier saoudien a ordonné l’assassinat de Jamal Khashoggi ».

De son côté, la Turquie a mené sa propre enquête et demandé l’extradition de 12 suspects saoudiens. Elle avait aussi accusé les hautes autorités saoudiennes d’avoir commandité le meurtre du journaliste.

Quoi qu’il en soit, Adel al-Jubeir, faisant fi de ces déclarations, s’obstine à dire que les services de renseignements saoudiens avaient ordonné à des agents dépêchés à Istanbul de ramener de gré ou de force Khashoggi dans son pays. Mais au sein de l’auditoire à la conférence de presse de ce samedi, personne n’a semblé être convaincu par les arguments d’al-Jubeir. Sinon pourquoi une équipe aurait-elle été dépêchée, munie de tous les instruments nécessaires à un meurtre prémédité, à savoir une scie, des piqûres et des produits utilisés pour une anesthésie ?

Rai al-Youm souligne qu’en « nationalisant » l’affaire, Riyad veut coûte que coûte éviter une enquête internationale. Mais le mal est fait et ce meurtre a déclenché un véritable coup de tonnerre dans le monde. Désormais, plus le royaume saoudien cherche à occulter la vérité, plus il lève le voile sur ses actions criminelles et son ignominie et plus la communauté internationale réclame que justice soit faite.

La presse internationale a été aussi jusqu’à l’heure extrêmement prolifique. Le caractère ambivalent des déclarations des différents dirigeants saoudiens ne lui a pas échappé. Elle les a jugées insuffisantes, insensées. Le royaume patauge et peinera à esquiver les condamnations internationales et d’éventuelles sanctions.

Pour conclure, le journal fait remarquer que malgré la volonté de Riyad d’empêcher toute ingérence étrangère dans ses affaires internes, le crime en question s’est passé hors de ses frontières. Pour un meurtre qui aurait dû avoir lieu en Arabie, les autorités saoudiennes ont eu recours aux lois relatives à l’immunité diplomatique, et de ce fait, le crime est devenu un « crime international ».
 
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