Dans une interview à la chaîne de télévision France 2, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a dit ne "pas avoir connaissance" d'un partage d'informations turques, contredisant des déclarations de M. Erdogan.
Interrogé sur l'éventualité d'un mensonge du président turc sur ce point, le ministre français a observé que ce dernier avait "un jeu politique particulier dans cette circonstance".
"Le ministre français des Affaires étrangères a dépassé les bornes. Il doit apprendre à s'adresser à un chef d'Etat", a lâché le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu. "Accuser notre président de jouer un jeu politique est extrêmement impoli".
"Je sais que le 24 octobre, notre service de renseignement a transmis tous les éléments, y compris un enregistrement audio, aux services de renseignement français à leur demande", a ajouté M. Cavusoglu lundi.
Peu avant, le directeur de la communication de la présidence turque Fahrettin Altun avait indiqué à l'AFP qu'un "représentant des services de renseignement français" avait écouté le 24 octobre un enregistrement audio du meurtre de Khashoggi.
Le ministre français des Affaires étrangères, ici à Charleville-Mézières le 7 novembre, a accusé le président turc Recept Tayyip Erdogan de se livrer "un jeu politique particulier" à propos du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul.
A la suite de la colère turque, le ministère français des Affaires étrangères a évoqué un "malentendu". Selon le Quai d'Orsay, le ministre a voulu dire qu'il n'avait pas reçu d'informations turques permettant d'établir la "vérité complète" dans l'affaire Khashoggi, en l'occurrence sur les circonstances et les responsables de ce meurtre.
Le président Erdogan a pour la première fois confirmé officiellement samedi l'existence d'"enregistrements" portant sur le meurtre de Khashoggi, ajoutant qu'Ankara avait partagé ces documents avec plusieurs alliés, dont Washington, Berlin, Paris et Londres.
M. Erdogan n'a pas donné de détails sur le contenu des enregistrements, mais la presse proche du pouvoir à Ankara évoque depuis plusieurs semaines un enregistrement audio du meurtre de Khashoggi.
Cette affaire a provoqué un tollé dans le monde entier et terni l'image de l'Arabie saoudite, en particulier du prince héritier Mohammed ben Salmane, dit "MBS".