Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre les conséquences "catastrophiques" d'une éventuelle destruction du port de Hodeida, point d'entrée de plus des trois-quarts des importations et de l'aide humanitaire internationale, dans un pays menacé par la famine.
L'offensive des forces pro-saoudiennes sur Hodeida avait été lancée en juin, mais elle s'est nettement intensifiée depuis le 1er novembre avec un bilan d'au moins 594 morts jusqu'ici dans la région (461 Yéménite, 125 combattants de la coalition saoudienne et 8 civils), selon des sources militaires loyalistes et des médecins.
Déjà vivement critiquée pour des "bavures" à répétition ayant fait des centaines de victimes civiles au Yémen, l'Arabie saoudite a été considérablement affaiblie par l'affaire Jamal Khashoggi, du nom de ce journaliste tué le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul.
Tour à tour, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo et ses homologues britannique Jeremy Hunt et français Jean-Yves Le Drian ont souligné que le temps de la négociation était venu.
Lors d'un entretien dimanche avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, également ministre de la Défense, M. Pompeo a explicitement appelé à "la fin des hostilités", demandant que "toutes les parties viennent à la table pour négocier une solution pacifique au conflit".
L'administration américaine visiblement sous la pression du Congrès, a confirmé l'annonce samedi par Ryad que la coalition allait désormais effectuer elle-même le ravitaillement en vol de ses avions, assuré jusqu'ici par les Etats-Unis.
De son côté, avant de débuter une mini-tournée régionale, M. Hunt a évoqué le coût humain "incalculable" de la guerre saoudienne au Yémen.
- "Arrêter les frais" -
Le ministre britannique, qui a été reçu lundi par le roi d'Arabie saoudite, s'est dit favorable à une "nouvelle action" au Conseil de sécurité pour soutenir les efforts du médiateur de l'ONU au Yémen, Martin Griffiths. Ce dernier cherche à organiser un nouveau round de négociations "d'ici la fin de l'année".
M. Hunt s'est également rendu aux Emirats arabes unis, pour rencontrer le prince héritier d'Abou Dhabi, cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane.
"Il faut que la communauté internationale dise ça suffit", a déclaré pour sa part le Français Jean-Yves Le Drian, ajoutant: "Il n'y aura pas de vainqueur dans cette guerre. Donc, il faut arrêter les frais".
Des avions de combat et des hélicoptères d'attaque de la coalition saoudienne ont pilonné régulièrement les positions, suscitant de vives inquiétudes pour des dizaines de milliers de civils piégés en ville de Hodeida.
Paradoxe de la situation, le port de Hodeida est resté jusque-là "ouvert" et opère "normalement", selon son directeur-adjoint, Yahya Sharafeddine.
De son côté, Hervé Verhoosel, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), a indiqué que les combats n'avaient pas affecté jusqu'à présent ses opérations.
Le Yémen est le théâtre de la pire crise humanitaire au monde, rappelle régulièrement l'ONU, qui précise que 14 millions de civils sont en situation de pré-famine.
Depuis 2015 où l'Arabie saoudite et ses alliés se sont rentrés dans la guerre contre le Yémen, les combats ont fait quelque 10.000 morts, majoritairement des civils, et plus de 56.000 blessés, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais des responsables humanitaires estiment que le bilan réel des victimes est bien plus élevé.