Date de publication27 May 2018 - 14:25
Code d'article : 333400

La mousson commence à la dame des réfugiés Rohingyas

Taghrib (APT)
Habitant une bicoque de bambous plantée à flanc de colline dans le plus grand camp de réfugiés de la planète, Osiur Rahman tente d'évaluer les chances de survie si la mousson du Bangladesh venait à faire céder la terre sous ses pieds.
La mousson commence à la dame des réfugiés Rohingyas
"Nos familles seraient tuées. Il y a des enfants partout ici. Nous vivons dans la peur constante que les pluies ne déclenchent un glissement de terrain", confie ce réfugié rohingya de 53 ans, qui occupe un abri sur une pente raide avec neuf proches.
 
Après la guerre et les maladies, les gigantesques camps de réfugiés du sud du Bangladesh sont à la merci d'une nouvelle menace au potentiel dévastateur: les déluges de la mousson, qui débute en juin.

Près d'un million de musulmans rohingyas en provenance de Birmanie voisine vivent dans la misère noire de cités de tentes qui s'étalent à perte de vue. Les petits camps préexistants ont vu leur taille exploser avec le déferlement d'une marée humaine à l'automne dernier.

En quelques mois, 700.000 personnes ont fui une campagne de violence de l'armée birmane considérée par l'ONU comme une épuration ethnique. Submergé, le Bangladesh a déboisé dans l'urgence des centaines d'hectares pour permettre d'y établir des abris.

Cependant ces aménagements ont aussi pour conséquence de rendre le terrain encore plus vulnérable à la violence des éléments, dans une région qui recevra au cours des trois prochains mois plus de 2,5 mètres de précipitations. Soit le triple de ce qui tombe annuellement sur la Grande-Bretagne.

- Pierres pour tenir le toit -

Sur les 200.000 réfugiés résidant en zones à risques, à peine 21.000 ont été relocalisés à ce jour. Pendant qu'un ballet de bulldozers se hâte de niveler le relief, les réfugiés tentent de protéger leurs habitations du mieux qu'ils peuvent.

Des canaux sont creusés pour permettre de faciliter l'écoulement des pluies. Les toilettes sont protégées par des sacs de sable pour éviter que l'eau ne s'y infiltre et ne les fasse déborder.

Le réfugié Noor Mohammad a lui utilisé des bouts de bois et des pierres pour alourdir son toit qu'un coup de souffle a récemment arraché. Sans nourrir d'illusions sur l'efficacité de son dispositif.

"Ici, il n'y a rien pour arrêter le vent", lâche-t-il en montrant d'un geste l'étendue de monticules où la jungle de cabanes a remplacé celle de la végétation.

Originaires d'une région de Birmanie située de l'autre côté de la frontière toute proche, les Rohingyas sont familiers de la mousson. Mais dans l'État Rakhine, leurs villages étaient construits pour endurer la férocité des cieux et les arbres leur procuraient un semblant de protection.

En l'absence de place sur les collines saturées, des abris se sont également établis sur des zones en contrebas. "Nous pourrions perdre des vies au fur et à mesure que les gens glissent vers le bas des collines et que les vallées vont être inondées", s'alarme Kevin J. Allen, directeur des opérations du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Après les massacres en Birmanie, les Rohingyas "pourraient faire face à un autre danger, mais venant de la nature cette fois-ci", déclare-t-il à l'AFP.

Des cyclones formés dans le golfe du Bengale frappent régulièrement le district de Cox's Bazar, où se trouvent les camps de réfugiés, et y ont par le passé provoqué des destructions immenses. Phénomènes tourbillonnaires et inondations ont causé la mort de centaines de milliers de personnes ces dernières décennies au Bangladesh.


 
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