Date de publication21 May 2018 - 13:52
Code d'article : 332134

En Syrie, les anciens enfants-soldats deviennent des adolescents normaux

Taghrib (APT)
Hassan, 13 ans, a vu beaucoup et peut-être commis des atrocités pour le groupe Daech. Mais plutôt qu'en prison, les Kurdes du nord syrien l'ont placé avec d'autres "lionceaux du califat" dans un centre expérimental pour le "redresser", entre discipline, écoute et "morale".
En Syrie, les anciens enfants-soldats deviennent des adolescents normaux
Avec sa petite taille, ses yeux clairs, son visage mat et doux, Hassan n'est qu'un adolescent parmi les quelque 80 en sweat-shirt, pantalon de jogging et baskets qui hument l'air matinal sur la pelouse du centre Hori.
 
Agés de 12 à 17 ans, ces combattants présumés ont tous été arrêtés par les Kurdes syriens au fil de la débâcle du groupe Daech.

Ils ont été sélectionnés pour être "redressés" dans ce centre expérimental fermé, au nom de la philosophie du Parti de l'Union démocratique kurde (PYD), qui domine cette région autonome, de donner une "deuxième chance" à tous.

Mais aussi, de l'aveu de plusieurs dirigeants, de la nécessité de vider les prisons et ménager par une certaine clémence les tribus locales autrefois séduites par Daech.

Hassan est arrivé en début d'année dans le centre, sorte de caravansérail en brique rouge d'un étage alignant dortoirs, salles de cours et d'ateliers autour de la pelouse rectangulaire, ouvert il y a près d’un an dans la ville kurde de Tal Maarouf.

Il était le fils d'un commandant extrémiste de Raqa, ancienne capitale de facto de Daech, qui lui faisait assister régulièrement à des décapitations.

On ne sait pas s'il a lui-même tué. Mais une photo retrouvée par les Kurdes le montre en train de tenir fièrement la tête tranchée d’un prisonnier.

A son arrivée, comme beaucoup de "lionceaux", "il ne nous a pas dit bonjour, pas serré la main, il ne nous regardait pas dans les yeux", raconte une des deux directrices du centre, Roken Khalil.

Leurs journées s'égrènent de manière stricte entre sport, volley-ball notamment, tâches diverses, cours de langue (kurde et arabe), d'histoire, de géographie et de "morale", et ateliers de formation à divers métiers, couturier et barbier notamment.

Ils ont souvent connu la pauvreté, peu d'éducation ou une situation familiale difficile. Quatre d'entre eux, envoyés par Daech commettre des attentats suicide, "ont eu peur et se sont rendus".

"Leur idéologie n'est donc pas si profonde, et peut être facilement réparée", estime Mme Khalil.

Un tiers a déjà été condamné à des peines allant de six mois à sept ans de prison, qui seront réduites en cas de bonne conduite au centre.

Et s'il est encore trop tôt pour parler de réussite, "nous n'avons eu aucun problème et ils changent: aujourd'hui, beaucoup viennent d'eux-mêmes nous parler", se félicite la directrice.

Y compris Hassan, qui "n'insulte plus ses camarade et écoute même de la musique".
 
https://taghribnews.com/vdcaeuney49ne61.z5k4.html
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