Date de publication1 May 2018 - 11:55
Code d'article : 327924

Nasrallah : notre résistance n’est pas à vendre

Taghrib (APT)
Notre résistance n’est pas à vendre, a lancé le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah lors du festival électoral organisé pour les deux casas de Tyr et de Zahrani au sud du Liban.
Nasrallah : notre résistance n’est pas à vendre
Dans un discours prononcé devant une foule dans la ville sudiste de Zahrani, ce samedi 21 avril, Nasrallah répondait aux surenchères qui marquent les discours électoraux de certains protagonistes libanais, lesquels ont fait du thème de la résistance au Liban leur cheval de bataille, critiquant entre autre qu’elle agit et prend ses décisions à l’insu de l’Etat Libanais.

Pour répondre à cette question, le chef de la résistance islamique a fait un rappel historique, remontant à la date de l’implantation de l’entité sioniste en Palestine, « lorsque le sud Liban faisait l’objet d’attaques israéliennes régulières, bien avant l’avènement de la résistance palestinienne ».

La création de la Résistance en 1975 par Sayed Moussa Sadr, (le fondateur du mouvement Amal, ndlr) , indépendamment de la volonté de l’Etat libanais est dû au fait que ce dernier n’a jamais assumé se responsabilités sécuritaires pour le sud du Liban, a-t-il expliqué.

Pas question de renoncer à notre résistance, elle est garante de notre survie,(…), elle est notre fierté, a-t-il aussi scandé.

Dans la deuxième partie de son allocution, S. Nasrallah a évoqué les problèmes internes, à leur tête la crise économique et financière qui risque « de trainer le pays vers le gouffre ».

S’adressant directement au courant du Futur, qui s’était arrogé ce dossier depuis la fin de la guerre civile et la conclusion des accords de Taëf en 1992, il a demandé : « nos exploits sur le plan sécuritaire sont visibles et connus de tous, dites-moi quels sont les vôtres sur le plan économique » qui souffre d’une dette de 80 milliards de dollars, d’une corruption endémique qui lamine les institutions étatiques et d’une dégradation de ses secteurs agricole et industriel.

« Nous avons besoin d’une table de dialogue nationale pour discuter des projets destinés à résoudre cette crise grave », a-t-il réclamé.

Dans cette partie, il a évoqué un problème qui s’amplifie de plus en plus: celui du partage confessionnel des affaires de l’Etat libanais. À commencer par les trois plus hautes présidences de l‘exécutif et du législatif, en passant par la fonction publique dans toutes ses catégories et jusqu’à tout récemment toutes les questions liées aux ressources hydrauliques, en hydrocarbures, à l’agriculture et à l’industrie, voire même aux déchets.

Dans le dernier sujet de son discours, S. Nasrallah a appelé les gens des deux cazas de Tyr et Nabatiyeh à voter massivement les listes Amal et Wafa (Espoir et Fidélité), rendant hommage au chef du Parlement libanais Nabih Berri, qui préside celle de Zahrani.

« Le président Berri nous représente nous tous, et non seulement les gens de Zahrani. Il nous représente dans la Résistance, et dans tous les défis et les grande échéances (…) C’est lui qui est garant de notre unité nationale (...) et de nos frontières terrestres et maritimes », a-t-il affirmé.

Et de conclure son discours : « notre message à l’ennemi : nous sommes capables d’affronter tes menaces, nous n’accepterons jamais que notre dignité soit bafouée. Nous sommes les gens de cette terre. Personne ne pourra nous en arracher ».

** Les idées principales du discours

Ce festival a un objectif Claire: le soutien populaire et politique de la liste Espoir et fidélité dans les deux casas Tyr et Zahrani. Je vais aborder 3 sujets : la résistance, les problèmes du pays, et les listes de vote.

Nous nous rencontrons dans la ville de Tyr, la ville de sayed Charafeddine et de l’imam Mouss Sadr (...) celle qui a été le théâtre du lancement de son mouvement, la ville qui a accueilli notre commandant sayed Abbas Moussaoui… .

C’est la ville de la cohabitation entre chrétiens et musulmans, entre sunnites et chiites et a qui toujours conjuré la fitna quand bien même elle sévissait dans les autres régions (…). C’est la ville qui a ouvert ses portes aux réfugiés palestiniens venus du nord de la Palestine occupée et qui vivent toujours aujourd’hui dans ses camps (...).

C’est la ville qui a su résister à l’occupation et où ont eu lieu les premières opérations martyres, réalisées par les jeunes du mouvement Amal et Hezbollah, à commencer par le martyr Ahmad Qassir qui a infligé la première humiliation à Israël en détruisant son quartier général à Tyr(...)Puis celle de Hassan Qassir , et autres combattants martyrs, ailleurs du sud entier et qui ont imposé le retrait aux Israéliens sans conditions préalables.

**La guerre de 1996

Aujourd’hui, nous avons en mémoire le souvenir de l‘offensive d’avril 1996 appelée par les Israéliens Raisins de la colère (...) Elle a commencé le 16 avril en bombardant le siège du Hezbollah, dans lequel se trouvait le commandant militaire haj Moustafa Badreddine mais il a échappé bel a cette tentative d’assassinat et a mené cette bataille avec les autres chefs et combattants de la Résistance(...).

Durant cette offensive qui a duré 16 jours, les Israéliens ont bombardé les civils jusque dans la ville de Baalbek : il y a eu le massacre de Qana puis celui de l’ambulance, et celui de Souhmor et autres

Face à la résistance farouche des combattants, et à la résistance politique en parallèle, sans oublier le fait d’avoir bombardé les colonies au nord de la Palestine, l’ennemi a été contraint de stopper l’offensive à l’issue d’une intervention internationale et il y a eu l’accord d’Avril qui est un grand exploit de la résistance car il a permis d’épargner les civils, alors que dans le passé les Israéliens ne cessaient de bombarder les civils pour faire pression sur la résistance(...).

Ce qui a donné une grande marge pour les opérations de résistance. Et pousse un haut officier israélien à dire que l’entente d’avril 1996 avait transformé les Israéliens en un sac de boxe.

L’entente d’avril 1996 a finalement abouti à la victoire de l’an 2000 (...) Cette résistance était le rêve de l’Imam Abdel Hussein Charafeddine (un éminent religieux originaire du Jabal Amel/ sud du Liban) et le projet de sayed Moussa Sadr, puis de ses fils dans le mouvement Amal et Hezbollah qui l’ont développée et transformée en une force réelle(...).

** Le sud-Liban, le laissé-pour-compte de l’Etat

Dans l’histoire proche, qui devrait nous servir de guide pour avancer vers notre avenir (...) depuis 1948, après l’édification de l’entité usurpatrice, les bandes terroristes sionistes ne cessaient d’attaquer les régions du sud. Alors que certains au Liban pensent que les Israéliens n’ont bombardé le sud que lorsque les réfugiés et la résistance palestinienne étaient venus au Liban.

Les localités libanaises, musulmanes et chrétiennes, étaient visées. Le plus grand massacre a eu lieu à Houla (...) Les habitants avaient des capacités très médiocres, et n’avaient pas les moyens de défense(...).

L’imam Charafeddine a alors envoyé un message au président de la république libanais qui était Bchara al-Khoury dans lequel il a évoqué les dangers sécuritaires qui menaçaient les gens du sud, sans oublier les privations dont ils souffraient (...).

Sur le premier point, dans sa lettre il dit : « sommes-nous la catastrophe de Jabal Amaal, avec notre sang qui coule, nos frontières violées, nos enfants vivant dans la peur, nos villages détruits(...) Le Jabal Amel paie le tribut de sang pour tous les Libanais par ceux qui ont été crachés par les quatre coins du monde (...). il lui est infligé l’humiliation de la part de ceux que l’histoire ont humiliés», en allusion sans doute aux Israéliens.

Où était l’Etat ce jour-là? Le projet des habitants du Sud a toujours été de demander à l’Etat libanais d’assumer ses responsabilités, de les protéger, d’envoyer l’armée au sud pour défendre Bint Jbeil, Marjeyoune (...) mais en vain.

Sans oublier les privations imposées à cette région, comme dans la Békaa et le nord du Liban , c’est à dire toutes les régions qui ont été ajoutées au Mont Liban(...). S. Moussa Sadr a poursuivi le même chemin, depuis les années 60 et jusqu’en 1975. Il a réclamé que l’armée libanaise vienne au sud, pour entrainer les gens, les armer et mener avec eux le combat (...)mais en vain (...).

Il a réclamé des abris, des chambres sécuritaires, d’assurer les moyens de subsistance et de résistance des gens(...). A tous ceux qui s’en prennent aujourd’hui à la résistance (...) je dis que les habitants ont attendu longtemps l’Etat et l’armée depuis 1948 (...) .

**Une Résistance indépendante de l’Etat

Mais en 1975, l’imam Sadr a cherché l’alternative c’est-à-dire la résistance armée qui compte sur ses propres capacités et non sur l’Etat et il a fondé les factions de la résistance libanaise Amal.

Je me rappelle, à cette époque que toute notre génération avait rejoint les camps d’entrainement. C’est elle qui économisait ses quelques sous pour la financer cette résistance. Les jeunes payaient de propre poche, et ce n’était pas des fils des riches (...).

Je vous dis cela pour que tout le monde sache les bienfaits dans lesquels nous baignons aujourd’hui, par rapport à cette époque là (...).

Avec l’invasion en 1982, la résistance s’est développée jusqu’en l’an 2000 et l’Etat a toujours été absent (…) . Il y a à un certain moment un débat s’il fallait qu’il soit au sud ; mais c’est après 2006, c’est devenu une demande internationale (…). Dans l’accord de mai 1984 avec Israël, avant qu’in ne soit avorté, la participation de l’armée avait été sévèrement circoncise.

Depuis le début, notre but a été que l’Etat assume ses responsabilités de défense des vies et des biens, mais c’est l’Etat qui n’a pas voulu, et c’est lui qui devrait être blâmé et non ceux qui ont acheté avec le peu d’argent qu’ils avaient des armes pour se défendre (...).

Et maintenant on parle de la résistance comme si c’était un crime (…). Notre crime a été de porter les armes pour nous défendre lorsque l’Etat était absent et nous n’avions pas d’autres choix (...). L’alternative était la mort, de voir les colonies israéliennes construites dans le sud et l’occupation(...).

**La résistance, une réelle puissance

Cette résistance est devenue une réelle puissance que les ennemis appréhendent et prend en compte loin des discours pompeux, depuis les offensives de 1993 et de 1996 et la guerre de Juillet, l’ennemi sait bien à qui il a affaire(...).

Aujourd’hui, je dis à l’imam Charafeddine que l’humiliation n’est plus jamais du ressort de Jabal Amel .

Je dis à l’imam Moussa Sadr que la résistance que tu as créée et lancée, pour laquelle tu achetais de ton propre argent et celui des pauvres pour combattre l’armée invincible (israélienne, ndlr) détient les possibilités, des capacités, des hommes, des technologies, des missiles qui peuvent frapper toute cible chez l’entité sioniste(...).

Ces victoires sont le fruit de vos sacrifices, de vos martyrs, des blesses et mutilés de guerre, des détenus, et de votre persévérance sur votre terre (...). Il n’est pas question que son peuple y renonce ou lui tourne le dos. Que le monde entier le sache !

Notre résistance n’est pas à vendre, elle signifie notre existence, notre survie. Elle est le socle de notre persévérance et le signe notre fierté (...) Et c’est ce qui sera vu le 6 mai prochain, lorsque les gens du sud viendront voter pour la liste Espoir et la fidélité(...) Ce jour-là, votre vote dans les runes sera un message pour les Libanais et le monde entier que nous dans les deux cazas Tyr et Zharani et dans le sud entier, nous n’abandonnerons jamais la résistance.

** La deuxième partie : les problèmes du pays

Durant les deux dernières décennies, depuis 1992, il y a eu comme un sorte de compromis : des forces s’occupent de la résistance et qui défendent le pays, tandis que d’autres s’occupe de son économie et ses finances. Ce ne fut pas le fruit d’un accord, mais opérationnellement cela était le cas.

Les forces qui se sont consacrées à la résistance peuvent aujourd’hui dire voilà, ce sont nos exploits : la libération de nos terres, depuis la Békaa de l’ouest, en passant par Rachaya, et le sud tout entier (...) ainsi que la libération de nos prisonniers dans les geôles israéliennes, sans oublier que nous avons imposé l’équation de dissuasion avec l’ennemi. Ce qui a fourni un climat de sécurité à tous les Libanais, depuis 12 années.

Dans l’histoire de Jabal Amel, jamais une époque n’a été aussi sure que ces 12 dernières années, avec le sentiment de fierté qu’elle procure (...) Et ce malgré tout ce que l’on nous faisait dans le dos (...).

** Quels sont vos exploits

Et vous le courant du Futur, quel sont vos exploits dans le ressort économique ?
Aujourd’hui, le Liban fait face à un problème crucial : 80 millions dollars de dettes, les deux secteurs agricole et industriel sont paralysés, l’infrastructure sur laquelle des milliards ont été dépensés n’est pas à la hauteur… quels sont vos exploits économiques ?

Je dis ceci non pas pour embarrasser et pour susciter la controverse mais pour assumer nos responsabilités…
Parce que nous avons proposé de prêter attention à la situation économique, on accuse le Hezbollah de vouloir s’accaparer ce dossier, ce qui n’est pas vrai…

L’expérience montre que cette équipe a essuyé un grand revers dans ce dossier économique…

Nous réclamons que le prochain gouvernement présente un dossier économique complet et de travailler au pièce par pièce… nous exigeons la formation d’un ministère de planification…

Pourquoi vous insistez pour soumettre à la discussion la stratégie de défense du Liban et n’acceptez pas de discuter sa stratégie économique ? Pourquoi ne pas présenter un plan clair faute de quoi le pays va droit vers le gouffre ?

Pas d’Etat avec la corruption

Et puis la corruption qui ronge les institutions étatiques.. Dans les campagnes électorales, certains fuient les réels problèmes et affichent vouloir lutter contre l’expansion perse, ou œuvrer pour préserver l’identité arabe, de quelle identité arabe parlez-vous. Vous vous moquez du monde, la dernière rencontre d Ligne arabe est passée inapercue(...). Un Etat ne peut avancer ni perdurer avec de la corruption. Il faut prendre des décisions fermes pour le combattre et il faut passer à l’exécution sans tarder. On n’a pas besoin de dialogue là-dessus, mais de décision (...) Faute de quoi, Le Liban va droit vers l’effondrement

** Troisième sujet : la question confessionnelle

Et puis il y a un autre problème. Nous savons que notre système est confessionnel, et nous ne voulons pas entrer dans la controverse sur la nécessité de son élimination (...) Nous avons un problème que les Libanais affrontent et exige qu’on en discute sérieusement (...) Tout dans le pays devient confessionnel. Dans le passé, c’était les trois plus hautes fonctions de l’Etat : la présidence, le Premier ministre et et chef du parlement (...).

Aujourd’hui, cela s’est propagé vers toute la fonction publique. Pas seulement. Mêmes nos ressources hydrauliques sont soumises aux critères confessionnels (...) chaque communauté a son fleuve. Le fleuve Litani est par exemple considéré être celui des chiites, alors qu’il traverse la moitié du Liban.

Il en sera de même pour l’hydrocarbure lorsqu’il sera extrait ; il sera partagé entre les communautés (...). Il s’est avéré même que l’exploration du pétrole sur terre a été abandonnée parce qu’il se trouve dans certaines zones d’une certaine communauté (...).

Rappelez-vous les déchets étaient devenus une question confessionnelle, lors des rencontres ministérielles et dans les médias, on laissait entendre que chaque communauté se doit de s’occuper de ses propres déchets (...).

Il n’y a plus de symbiose nationale

L’agriculture, et l’industrie sont-elles aussi des questions confessionnelles ?
Ceci ne nous est pas imposé par les USA, ni par les Etats arabes, ni par Israël, ceci est le travail de nos dirigeants qui n’ont pas de projet national et ne peuvent édifier leur leadership que sur la base communautaire et rien d’autre (...).
(…)
Nous pouvons le faire, le Liban est le pays qui sait le mieux arrondir les angles. Si nous continuons comme ça, les institutions vont d’effondrer (...). Dernière recommandation pour ceux qui préparent leur discours électoraux : après le 6 mai, il y aura le 7 mai, au lendemain du scrutin legislatif, il faudra se mettre d’accord. Personne ne peut gouverner le pays seul. Il faudra trouver des compromis (...)

**Pourquoi la Liste Espoir et Fidélité

Je m’adresse aux frères et sœurs du Hezbollah dans le caza de Zahrani. Pour les candidatures dans tous le Liban, notre expérience a été celle de l’alliance entre le Hezbollah et Amal (...) dans certains cas, il n’y a pas de candidat du Hezbollah et c’est celui de Amal qui nous représente et le contraire est vrai.

Les candidats du Hezbollah à Zahrani sont ceux du mouvement Amal, à leur tête notre grand frère le chef du Parlement Nabih Berri. Il nous représente tous, dans la résistance, dans les grands défis et les grandes échéances. Comme nous lui avons accordé toute notre confiance dans la résistance en 2006 et sur nos frontières terrestres et maritimes. Aujourd’hui, je dis que le président Berri est garant sur le plan intérieur et national.

Ses capacités à rassembler les Libanais en désaccord autour de la table de dialogue en 2006 a sauvé le pays d’une grande zizanie (...) Lorsque vous irez voter, soyez les plus nombreux possibles : ce sera un message pour la cohabitation, d’unité d’espoir et de fidélité (...).

Notre message le 6 mai à l’ennemi : nous sommes capables d’affronter tes menaces, nous n’accepterons jamais que notre dignité soit bafouée. Nous sommes les gens de cette terre. Personne ne pourra nous en arracher
https://taghribnews.com/vdcb5zbfarhb59p.kiur.html
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