Date de publication20 Apr 2018 - 18:06
Code d'article : 325736

Liban: Les expulsions de réfugiés syriens de leurs logements

Taghrib (APT)
Des milliers de réfugiés syriens ont été délogés de force et expulsés dans certaines villes du Liban pour des motifs "incohérents" et discriminatoires, a affirmé vendredi l'ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport.
Liban: Les expulsions de réfugiés syriens de leurs logements
Au moins 3.664 réfugiés ont été expulsés d'au moins 13 municipalités entre 2016 et le premier trimestre de 2018, "apparemment en raison de leur nationalité ou religion", a estimé HRW, en s'appuyant sur des chiffres du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Le Liban, petit pays de quatre millions d'habitants, a vu arriver sur son sol au moins un million de réfugiés de la Syrie voisine, ravagée par une guerre meurtrière depuis 2011.

Après enquête auprès de 57 réfugiés touchés par ces expulsions, de fonctionnaires municipaux et d'experts juridiques, il apparaît qu'il n'y a "aucune cohérence dans les raisons données pour les évictions", et "les preuves réunies par HRW montrent clairement que les Syriens ont été visés à cause de leur nationalité", selon l'ONG.

Alors que les motifs d'expulsion invoqués, comme le fait de ne pas avoir déclaré son bail en mairie, sont aussi le fait d'habitants libanais, "les mesures prises par ces municipalités ont visé exclusivement des ressortissants syriens", a souligné le rapport.

HRW pointe également une dimension religieuse. Ces expulsions "ne répondent pas à un plan national cohérent mais constituent plutôt une réponse ad hoc de certaines municipalités principalement chrétiennes".

Ces expulsions contestées, "qui se sont multipliées au dernier trimestre de 2017", s'inscrivent dans "un environnement de discrimination et de harcèlement" envers les réfugiés syriens au Liban, estime le HRW.

De nombreux hommes politiques les désignent comme responsables des problèmes économiques et sociaux du pays et réclament leur départ, alimentant un climat d'animosité croissant, notamment à l'approche des élections législatives du 6 mai.

Selon Bill Frelick, directeur de la division Droits des réfugiés chez HRW, "les dirigeants libanais devraient modérer une rhétorique qui encourage ou ferme les yeux sur les expulsions et les autres pratiques de discrimination et de harcèlement contre les réfugiés au Liban".

Le ministère libanais des Affaires étrangères a accusé le HCR d'"effrayer" les réfugiés et de les dissuader de rentrer en Syrie.

Il a déploré "la détermination renouvelée" de l'agence de l'ONU "à refuser tout signe positif pour des retours (...) malgré une situation sécuritaire actuellement stable dans beaucoup de villes syriennes", affirmant qu'il allait "réévaluer" et "remettre en question" le travail du HCR.

Mercredi, 500 réfugiés syriens ont quitté le Liban pour rejoindre leur village près de Damas dans le cadre d'un accord entre les autorités syriennes et libanaises.

 
https://taghribnews.com/vdcaemnei49nu01.z5k4.html
votre nom
Votre adresse email
Security Code