"Nos vaches ne peuvent plus paitre en brousse et elles meurent de faim. Les éleveurs ne viennent plus ici", affirme Madu Maji, patron du plus grand marché de l'Etat de Benue, où, dit-il, seule une dizaine de bêtes sont vendues chaque jour, contre plusieurs centaines auparavant.
Ces derniers mois, les éleveurs et leurs troupeaux ont tous déserté l'Etat de Benue. Ou presque. Ils ont été chassés par une guerre pour l'accès aux ressources et une récente loi interdisant la transhumance, pratique séculaire pourtant nécessaire à la survie du bétail.
Les terres fertiles du centre, irriguées par un vaste réseau de rivières, attirent durant la saison sèche des milliers de bêtes migrant depuis les zones sahéliennes de toute l'Afrique de l'Ouest à la recherche de pâturages.
Un phénomène accentué par la désertification, et source de tensions dans un pays où les espaces sont saturés par l'explosion démographique. Le Nigeria accueille déjà près de 200 millions d'habitants et devrait devenir le 3e pays le plus peuplé du monde en 2050.
La région est devenue le théâtre d'affrontements quasi-quotidiens entre les agriculteurs sédentaires, chrétiens de l'ethnie Tiv, et les éleveurs, majoritairement peuls et musulmans. Plus de 100 personnes ont été tuées depuis début janvier, et près de 100.000 autres ont du fuir leurs foyers, selon l'agence locale de gestion des urgences (Sema).
Après des mois d'inaction des autorités fédérales, l'armée nigériane a annoncé un déploiement imminent dans plusieurs Etats du centre, dont Benue, pour mettre fin aux violences.