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Les femmes irakiennes misent sur l'artisanat pour ganger la vie

Taghrib (APT)

26 Jan 2018 - 16:48

Fil de pêche en main, Lamia Rahim enfile des perles pour former avec soin de petites sculptures: comme elle, des dizaines de mères de famille irakiennes se sont tournées vers l'artisanat pour survivre dans leur refuge improvisé.


Il y a un an, Imane Ahmad, animatrice sur une radio locale, est venue proposer à ces déplacées installées dans l'école Atouar al-Bahjat, à Samarra au nord de Bagdad, de se former à l'artisanat.

Dans les salles de classe, des familles venues du nord du pays et des villes des environs de Samarra, se sont réfugiées pour fuir les extrémistes qui ont été chassés de toutes les villes d'Irak fin 2017.

Parties de leurs maisons sans rien emporter, dépendantes de dons et surtout désœuvrées, ces femmes déplacées ont accueilli Imane Ahmad et son idée à bras ouverts.

En tout, "125 femmes ont été formées à l'artisanat, notamment à fabriquer des miniatures en perles", grâce à son association, explique à l'AFP Imane Ahmad, une Irakienne de 51 ans.

Dans une petite salle de classe transformée en atelier, assises sur des tapis posés au sol le long de murs recouverts de tentures bleues et grises, des femmes, visage concentré sous des voiles sélectionnent avec attention des perles de toutes les couleurs et de toutes les tailles.

- De Paris à Babylone -
Patiemment, elles forment le plus célèbre monument de Samarra, la Malouiya, un minaret en spirale hélicoïdale, reproduisent la célèbre porte d'Ishtar, cette immense arche bleue ornée d'animaux de Babylone, plus au sud. Ou même des tours Eiffel.

Ces petites pièces de tous les coins du monde "nous aident à vivre", assure Khaoula Jarallah, 41 ans, qui a rejoint l'école Atouar al-Bahjat après avoir fui son village des environs de Tikrit, qui était sous contrôle des insurgés il y a plus de trois ans.

Lamia, 41 ans, a elle aussi dû rejoindre les cohortes de déplacés d'Irak -plus de 2,5 millions de personnes- quand les insurgés ont rasé sa maison.

Depuis, le temps lui semble bien long. "Cela fait un moment qu'on est déplacés et mon mari ne trouve pas de travail, c'est moi qui ai dû prendre en charge la famille", témoigne cette mère de trois filles et d'un garçon.

Chaque mois, assure Imane Ahmad, ces artisanes en herbe arrivent à vendre pour près d'un millier de dollars, qu'elles se partagent ensuite entre elles.

D'une autre salle de classe s'échappe un son de rafale. Ce n'est pas celui des mitrailleuses que ces femmes ont entendu pendant les combats pour chasser les insurgés des environs, mais le bruit sec et entêtant de machines à coudre.

- 'Espoir' -
Ici, au milieu de tissus colorés, Faouziya Azzaoui, la quarantaine, découpe, coud et ajuste sans relâche.

Travailler le tissu, cette déplacée a toujours adoré. Grâce à Imane Ahmad et son association, elle peut désormais en tirer quelques maigres revenus.

Le travail artisanal de ces Irakiennes s'est déjà vendu dans quelques foires et expositions locales et des curieux viennent régulièrement apporter un peu de soutien.

A défaut d'en vivre réellement, ces femmes ont trouvé dans l'artisanat un moyen "de tuer l'ennui, car c'est de l'ennui que naissent les problèmes", assure Mme Ahmad.

Tisser, coudre ou enfiler des perles, c'est une façon de maintenir en vie "l'espoir", assure Chifa Qaddouri, 40 ans, venue des environs de Samarra. "L'argent qu'on en tire ne suffit même pas à payer l'école de mes enfants".

"Mais où est-ce qu'on pourrait aller? On vit grâce à l'espoir. Aujourd'hui, on gagne 25 dollars, peut-être que bientôt on gagnera 50 ou 100 dollars", veut-elle croire.


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